Abstract
Compared to Plutarch because of the erudition which he uses in his works, La Mothe Le Vayer is nevertheless accused of pedantry by some of his contemporaries. The quotations which he inserts in his works are disliked by the writers who believe that French alone should be used in literary works. However, the quotations which he owes exclusively to his scholarly leisure allow him to express his eclectic thinking. Deeply influenced by Pyrrhonism, he is not interested in drawing permanent conclusions and in choosing one amongst the different opinions on the same natural or moral phenomenon. The quotations make it possible for him to gather various interpretations of the same natural or moral phenomena which have been considered the most plausible at a certain moment and place.
1. Comparé
à Plutarque en raison de l’érudition
dont il se sert pour
rédiger ses
ouvrages[1],
La Mothe Le Vayer n’est pas pour autant au goût de
tous ses
contemporains : les citations qu’il utilise pour
étoffer ses
écrits sont considérées comme une
marque de
pédantisme[2] par les milieux lettrés qui, sans renier les
modèles de la
rhétorique classique, sont de plus en plus sensibles
à
l’emploi du français comme langue
littéraire. Conscient des
objections que son écriture peut soulever, La Mothe Le Vayer
plaide
à plusieurs reprises pour l’usage des citations.
Ainsi, par
exemple, comme le démontre Marc Fumaroli, notre auteur est
l’un des
protagonistes de la “querelle des citations”, qui
précède l’apparition
d’“un débat critique
sur le “'meilleur style' en
prose
française[3]”. Dans
les Considérations sur l’éloquence française
de ce tems,
parues en 1638, La Mothe Le
Vayer justifie l’insertion des citations dans les
œuvres
littéraires et, défendant la tradition des
magistrats humanistes
français du
XVIe
siècle[4],
tente d’éviter la séparation de la
littérature et de
l’érudition.
Élu
à l’Académie française en
1639, précepteur du
futur Louis XIV aussi bien que de son frère
cadet[5],
La Mothe Le Vayer ne cache pas sa passion
d’écrire : la
“demangeaison d’écrire” qui le
domine et qui
l’incite, de manière auto-ironique, à
“barbouill[er]
un peu de papier”, est similaire à la
“morsure de la
Tarentule, qui fait danser tous les ans, dit-on, ceux qui en ont
été piqués une fois, sans
qu’ils s’en puissent
empêcher[6]”.
Synonyme du savoir au sens large, ou, dans un sens plus restreint, de
la
connaissance dans le domaine des belles
lettres[7],
l’érudition représente, selon La Mothe
Le Vayer, un
élément essentiel des ouvrages
littéraires qui sont
dignes de retenir l’attention des lecteurs : avant
de mettre la main
à la plume, les écrivains sont censés
acquérir une
vaste science du sujet dont ils se proposent de traiter, qui
n’exclut pas
les connaissances
rares[8].
De ce fait, un esprit désireux de laisser
derrière lui une
œuvre susceptible d’immortaliser son
“beau nom” doit se
nourrir d’études. Lorsqu’il
s’agit
d’évoquer la valeur des livres, La Mothe Le Vayer
se sert, entre
autres, de métaphores culinaires. Pour illustrer sa bonne
opinion
d’un ouvrage qu’il vient de lire,
La Mothe Le Vayer
mentionne les “friandes & succulentes
viandes” qu’il
contient en
abondance[9].
Pour mettre en évidence la hiérarchie des
différents types
d’études, qui ne méritent pas tous la
même application
de la part des lettrés, il fait allusion aux
“viandes qui ne
doivent servir que de sause, & qui ne se prennent point pour
nourriture”, car elles sont destinées uniquement
à
“assaisoner le
reste[10]”.
Ainsi, avant de commencer la rédaction d’un
ouvrage, les hommes de
lettres ont le devoir de faire provision de connaissances, de
même que le
ver à soie, qui « ne se met à
filer
qu’après s’être nourri de
feüilles »
pendant
longtemps[11].
Toutefois, il ne s’agit pas de concevoir un livre en se
contenant de
réunir les citations que l’on peut
aisément puiser dans les Polyanthea inventés par les humanistes, les anthologies comme les Pensées
ingénieuses
du P. Bouhours, ou les
Bibliothèques,
qui se proposent de recueillir les meilleurs extraits
d’auteurs
chrétiens ou
gréco-romains[12].
La Mothe Le Vayer soutient que les écrivains doivent choisir
eux-mêmes les citations dont ils décident de se
servir dans leurs
œuvres.
2. Du reste, la sphère dont relèvent ses lectures est assez large. Il est passionné par les récits de voyages, qu’il considère comme les “Romans des Philosophes aussi-bien que des hommes de quelque étude[13]” : ils lui permettent, “sans courir toutes les fortunes des voiages de long cours”, non seulement d’observer, tranquillement assis dans son cabinet, “ce que ceux qui les ont faits, ont observé de plus singulier[14]”, mais aussi d’accomplir la mission des hommes au monde, qui consiste à “en contempler les merveilles, qui ne se voient nulle part ni en si grand nombre, ni si bien expliquées que dans ces livres de voiages[15]”. La Mothe Le Vayer est également au courant des changements qui, à son époque, ont lieu dans le domaine de la philosophie naturelle et des belles lettres. Ce faisant, il rejette le stéréotype sur la dégénérescence de l’humanité : “Cessons donc ces plaintes injustes de la Nature, et quittons cette erreur populaire, qui nous fait admirer les siecles passez, et mépriser le present[16]”. Ayant un temps immuable en arrière-fond[17], les découvertes du présent sont comparables à celles du passé. Bien qu’il n’ignore pas les innovations en matière d’astronomie ou de médecine, La Mothe Le Vayer se préoccupe davantage de celles qui font leur apparition dans la République des Lettres. D’ailleurs, il pense que leur valeur est similaire, voire supérieure à celle des récentes découvertes géographiques[18]. Ainsi, il remarque les romans intitulés Clélie et Artamène qui, à son avis, surpassent non seulement les ouvrages similaires hérités des Grecs ou Romains anciens, mais aussi ceux des Italiens, Anglais ou Français modernes. En grand connaisseur de la littérature “Erotique”, il trouve que les deux romans de Madeleine de Scudéry se singularisent à travers une “gentillesse & une pointe d’esprit” qui rendent inégalables les “entretiens miraculeux” qu’ils racontent[19]. Tout en étant réceptif aux livres des écrivains, philosophes ou explorateurs contemporains, La Mothe Le Vayer préfère les écrits des Anciens, qui, grâce à un “je ne sai quoi”, “le charme[nt] tout autrement que les nouveaux[20]”. Malgré les prétentions des savants modernes, le savoir continue à être dominé par cinq ou six auteurs de la Grèce et de la Rome antiques, dont les œuvres, synonymes du “grand chemin des Sciences”, évitent à ceux qui s’y intéressent de s’égarer en suivant des “sentiers particuliers[21]”. La science des Anciens est susceptible d’épargner aux savants qui s’en préoccupent les recherches vaines, comme celles de la pierre philosophale, de la plupart des novateurs de l’époque, ou des individus qui “se perdent misérablement” en prétendant suivre des voies surnaturelles et métaphysiques[22]. Par ailleurs, en dépit de son intérêt pour l’héritage du passé, La Mothe Le Vayer ne renonce pas à toute distance critique, car il refuse de s’enthousiasmer pour “toute sorte d’antiquailles”, dont le seul mérite est l’ancienneté[23].
3. Aussi
avide qu’il soit de lecture, notre érudit ne la
confond pas pour
autant avec l’étude, puisque, selon lui, la
lecture doit être
obligatoirement accompagnée de méditation. Le
“précieux thresor” que les hommes de
lettres sont
censés amasser est constitué de
réflexions
singulières qu’ils recueillent au cours de leurs
veilles
studieuses. Leur “grand sécret” consiste
à conserver
avec soin les pensées inédites que leur
“imagination”
développe lorsqu’ils lisent et
d’élargir toute de
suite la sphère des raisonnements auxquels elles donnent
naissance.
L’érudition n’est pas d’ordre
quantitatif, mais
qualitatif, car il est question non pas de “savoir plus que
les autres,
mais seulement de savoir mieux qu’eux”. Les
recherches des
lettrés que La Mothe Le Vayer se
plaît à
évoquer sont caractérisées par la
profondeur. L’image
traduisant le mieux les résultats du repos
studieux
qui sont
à souhaiter ne participe
pas des “pierres remarquables” et des
“agréable[s]
coquillage[s]” que l’on trouve facilement au bord
de la mer, mais
des coraux, voire des perles que l’on retire du fond de la
mer avec
application et ingéniosité. Loin de se limiter
à la
compilation des citations à partir des
florilèges, un petit nombre
de savants parviennent à déceler le sens
caché des
œuvres des grands auteurs. Un nombre encore plus restreint
des
“hommes d’étude”
découvrent des idées
nouvelles, qui, parfois, n’ont été
envisagées
même pas par les auteurs des textes se trouvant à
l’origine
de leurs
méditations[24].
Du reste, La Mothe Le Vayer s’aperçoit que les
activités
intellectuelles qui, selon lui, doivent précéder
l’écriture et qui procèdent notamment
de la contemplation,
peuvent prendre un certain temps : le mythique Saturne, qui
gouverne
traditionnellement “le temperament propre aux speculations
sublimes &
aux réveries ingenieuses, est le plus lent de toutes les
planetes[25]”.
Analysant
le rôle joué par la citation au
XVIIe
siècle, Bernard Beugnot rappelle qu’elle
représente,
d’une part, la “voie d’accès
privilégiée
à la tradition”, et, d’autre part, la
“pratique
qu’impose l’éducation dans
l’établissement des
recueils et des cahiers
d’excerpta et que
réclame l’exercice
rhétorique[26]”.
La citation appartient à un univers culturel qui est
familier aux hommes
de lettres et qui est susceptible de les rapprocher. Dans les Considérations
sur l’éloquence française de ce
tems, La Mothe
Le Vayer met
l’accent sur la conformité qui doit exister entre
les ouvrages
renfermant des citations et le niveau d’éducation
du public auquel
ils sont destinés. Ainsi, les sentences grecques ou latines
sont
inappropriées aux œuvres comme les romans, les
“discours
populaire[s]” ou les livres de piété,
ayant
été conçus pour un public large, qui
n’est pas
forcément cultivé. L’emploi des
extraits d’auteurs
grecs ou latins est justifié dans les écrits
abordant des sujets
qui, le plus souvent, n’intéressent que les
érudits. Tout en
désapprouvant la “sotte affectation” des
écrivains qui
font semblant de ne rien emprunter aux autres, La Mothe Le
Vayer met
l’accent sur l’honnêteté et la
mesure qui doivent
gouverner la conduite intellectuelle des savants ayant recours aux
citations[27].
L’exemple des Politiques de Juste Lipse lui sert à critiquer la pratique du centon,
qui consiste
à composer un livre presque exclusivement des passages
tirés de
différentes sources : pareils aux “Vestes
de plusieurs
piéces & de diverses couleurs”, les six
livres qui forment
l’ouvrage que l’on vient de mentionner reposent sur
les
“textes de quantité de bons Auteurs”,
cousus avec de
“petits filets de son
crû[28]”.
Par ailleurs, La Mothe Le Vayer ne condamne pas seulement les
écrivains
publiant des livres qui se ramènent à un ensemble
de citations,
mais aussi les hommes de lettres s’attribuant des fragments,
voire des
œuvres entières qui ne leur appartiennent
pas : le plagiat
constitue un “larcin”, un “vice
infame”, ou un
“crime” et ceux qui utilisent des citations dans
leurs œuvres
sont tenus à en être reconnaissants et
à en indiquer
toujours
l’origine[29].
La Mothe Le Vayer fait une distinction nette entre la faute commise par
les
écrivains qui pillent les Anciens et celle commise par les
écrivains qui pillent les auteurs contemporains,
qu’il juge
infiniment plus grave:
Prendre des Anciens, & faire son profit de ce qu’ils ont écrit, c’est comme pirater au delà de la Ligne ; mais voler ceux de son siécle, en s’appropriant leurs pensées & leurs productions, c’est tirer la laine au coin des rues, c’est ôter les manteaux sur le Pont-neuf[30].
4. Mise en pratique, entre autres, par des autorités incontestables comme Sénèque, Cicéron, Pline ou Plutarque et critiquée par des écrivains médiocres, qui rejettent les modèles d’écriture qu’ils sont incapables d’imiter[31], l’utilisation des citations devrait être similaire au miel des abeilles : provenant d’une matière qui, au début, est étrangère à l’abeille, le miel finit, après des transformations successives, par être utile non seulement à celle qui le crée, mais aussi à tous les hommes[32]. La métaphore de l’abeille, que, tributaire de la théorie de l’innutrition développée par la Pléiade, Montaigne avait déjà évoquée dans les Essais[33], permet à La Mothe Le Vayer de mettre en relief l’usage que les lettrés sont censés faire des citations. Le rôle du savoir qui s’accumule depuis des siècles et de l’ampleur duquel les “fameuses Bibliotheques ” existantes en France, en Italie ou en Hollande peuvent donner une idée[34], n’est ni de décourager les savants, ni de les inciter à être les imitateurs serviles de leurs prédécesseurs. À travers un topos bien connu, attribué à Bernard de Chartres et rapporté au XIIe siècle par Jean de Salisbury, les hommes de lettres sont comparés à des “Nain[s] monté[s] sur les épaules [des] Géant[s][35]” : ils s’insèrent ainsi dans une tradition qu’ils ne doivent pas seulement connaître et apprécier, mais aussi enrichir. Les écrivains aspirant à être estimés par la postérité sont tenus à “ruminer” la science qu’ils trouvent dans les livres afin d’être aptes à se l’approprier et à lui “donne[r] une grace, qui ait quelque air de nouveauté[36]”, lorsqu’ils s’en servent pour leurs ouvrages. C’est souvent par vanité et en dépit du bon sens que les Modernes rejettent l’héritage des Anciens, car, selon La Mothe Le Vayer, on peut être Moderne tout en mettant à profit le legs des Anciens[37]. D’ailleurs, dans des domaines comme la philosophie morale, les Modernes ne peuvent pas faire abstraction des conclusions auxquelles les Anciens sont arrivés en réfléchissant sur les mêmes questions qu’eux:
Faites si bien que vous voudrés, vous ne sauriés travailler que sur la matiere des Anciens ; ni debiter d’autres sentiments que les leurs ; l’importance est de les mettre bien en œuvre ; & vous les pouvés même rendre vôtres par la belle application[38].
Du reste, les citations qui proviennent du latin et du grec, aussi bien que de l’italien ou de l’espagnol et dont La Mothe Le Vayer dispose librement, car il les a “acheté[e]s au prix de ses veilles[39]”, remplissent plusieurs fonctions. Se fondant sur une lettre adressée à Donneville par Paul Pellisson, Bernard Beugnot met en lumière ““quatre manières d’alléguer un passage”” au XVIIe siècle, parmi lesquelles les deux dernières sont susceptibles de coïncider : il s’agit, d’une part, de la citation jouant le rôle d’“argument d’autorité” ou d’“ornement du discours” et, d’autre part, de la “citation détournée”, dont le sens est intentionnellement distinct de celui qu’elle avait dans le contexte initial[40].
5. En
ce qui le concerne, La Mothe Le Vayer n’hésite pas
à
invoquer à l’appui de ses opinions
l’autorité des
auteurs dont la renommée est incontestable : les
extraits des
“grands personnages” lui donnent la
possibilité soit
d’affermir sa vision des sujets abordés, soit de
défendre
des idées raisonnables et d’éviter
d’“écrire des sottises de son
crû[41]”.
Tout en considérant que les pensées qui
sous-tendent
l’écriture sont plus importantes que leur
expression[42],
La Mothe Le Vayer n’est pas complètement
indifférent
à la manière dont elles sont
exprimées : pareillement
aux vins qui, en changeant de récipient, perdent la
“meilleure
partie de ce qu’ils ont de spirituel & de
genereux”, les
passages tirés des “meilleurs Auteurs”,
qui “sont si
exprès, & si significatifs en leur
langue”, sont
dépourvus, après la traduction, de
“quasi toute la grace
& la force qu’ils possedoient
auparavant[43]”.
Par ailleurs, dans le préambule de la dernière
partie de
l’ouvrage intitulé
La
Promenade.
Dialogues, La
Mothe Le Vayer rappelle aux
lecteurs que, lorsqu’il est question de
l’interprétation
d’un texte, la méthode à suivre
consiste à ne jamais
sortir les mots de leur contexte et à toujours tenir compte
de
l’intention de celui qui l’a
écrit[44].
Néanmoins, lorsqu’il est question de
l’usage qu’il fait
des citations, notre écrivain ne déguise pas la
fierté de
pouvoir leur donner un sens nouveau, différent de celui
qu’elles
avaient dans les ouvrages qui ont représenté sa
source
d’inspiration[45].
Ce faisant, La Mothe Le Vayer ne craint pas de tirer profit de son
érudition afin d’exprimer des opinions
“libertines”,
qui obéissent uniquement à
l’autorité de sa propre
raison : tout en s’attaquant aux “erreurs,
sottises et
impertinences” des opinions
généralement reçues et
à “l’opiniastreté invincible
avec laquelle elles sont
si aveuglément soustenuës”, il ne cache
pas la
“submission de [son] esprit aux choses
divines[46]”.
En
outre, par une certaine coquetterie, La Mothe Le Vayer
n’hésite pas
à qualifier de “paresse” son refus de
traduire les citations.
Vaquant à l’écriture surtout pendant
les moments de loisir,
il fait semblant de rendre les pensées telles
qu’elles lui viennent
à l’esprit et telles qu’elles lui sont
fournies par la
mémoire, sans prendre toujours la peine de trouver la forme
qui leur
convient le mieux en
français[47].
Figurant dans l’avant-propos des dialogues que La Mothe Le
Vayer choisit en
raison de la liberté de pensée et
d’expression qu’ils
rendent
possible[48],
cette manière de justifier l’emploi des citations
est susceptible
de dissimuler aux lecteurs le concept de
“négligence
diligente”. Propre à la manière dont
notre écrivain
exploite l’érudition et
développé dans un ouvrage
théorique, Considérations
sur l’éloquence française de ce
tems, le
concept que l’on vient
d’évoquer constitue un “heureux
compromis entre le souci
d’élégance et l’aisance du
naturel”.
Représentant la traduction d’une expression
cicéronienne, la neglegentia
diligens, et
apparenté à
la sprezzatura de Castiglione, il se rapproche du “naturel”
classique, qui
désigne un art tellement parfait qu’il peut passer
inaperçu[49].
Quoiqu’il prétende être insensible
à la
réception que le grand public réserve
à ses ouvrages, La
Mothe Le Vayer n’est pas complètement
étranger aux normes
esthétiques de son époque. La
“négligence diligente” est une
concession qu’il
fait à l’“honnête
homme”, qui constitue
l’idéal humain en vogue parmi ses contemporains et
qui pratique
“l’art de ne se piquer de
rien” : inconciliable avec la
pédanterie et soucieux de plaire, cet art relève,
selon Emmanuel
Bury, d’“une véritable
amnésie
maîtrisée[50]”.
La Mothe Le Vayer
s’aperçoit que, tout en
étant nécessaire à un bon ouvrage, si
elle est trop
abondante, l’érudition peut lui nuire et aboutir
à un
résultat contraire à celui recherché
par le savant qui
s’en
sert[51].
6. Par
ailleurs, la réunion de citations que l’on
retrouve dans les
ouvrages de La Mothe Le Vayer est susceptible de refléter sa
pensée
éclectique[52].
En tant qu’auteur s’appropriant ce qu’il
trouve de profitable
dans ses lectures, notre écrivain semble suivre
l’exemple des
filles qui se parent des fleurs qu’elles cueillent lors de
leurs
promenades dans des beaux
jardins[53].
En tant que penseur, il compose sa philosophie par analogie avec le
miel :
de même que le “bon miel”, qui
“se fait du suc recueilli
de diverses fleurs”, “la meilleure Philosophie se
forme de sentences
bien choisies de divers
systemes[54]”.
Ainsi, la manière dont La Mothe Le Vayer perçoit
le monde est
fondée sur ce que les différents
systèmes de pensée
destinés à rendre compte de l’univers
ont de plus
vraisemblable. Son
écriture
combine, au-delà des barrières de temps ou
d’espace, les
visions de la nature et de la vie humaine qui ont
été les plus
probables au moment et à l’endroit où
elles sont apparues.
Du reste, La Mothe Le Vayer
n’essaie pas d’être
exhaustif et de mettre ensemble toutes les perceptions d’un
même
phénomène moral ou naturel : ce
désir irait à
l’encontre de la modération qui est
l’une des vertus
essentielles à un
philosophe[55].
En
conservant les interprétations d’un fait qui sont
ou qui ont
été considérées comme les
plus vraisemblables, La
Mothe Le Vayer reste conséquent avec la
“reserve” tenant au
pyrrhonisme qui lui est cher. Susceptible d’invoquer en sa
faveur des
autorités comme saint Paul ou saint
Denys l’Aréopagite,
le pyrrhonisme “circoncis” de notre auteur, dont
les
“défiances meurent au pied des
Autels[56]”,
met en doute la capacité des doctrines philosophiques de
donner des
explications totalisantes et définitives du monde :
“Toutes
ces Philosophies qui se vantent de pouvoir discerner le vrai &
le certain
des choses, sont des Charlatanes qui promettent beaucoup plus
qu’elles ne
peuvent
tenir [...][57]”.
Les diverses théories philosophiques se
discréditent en se
contredisant non seulement les unes les autres, mais aussi
elles-mêmes.
Encore qu’il désapprouve les
prétentions des philosophies
dogmatiques de posséder la vérité, La
Mothe Le Vayer est
loin de tomber dans le piège de la
misologie[58] :
emprunté au
Phédon
de Platon, ce terme désigne le “mépris
du
raisonnement” et accompagne la misanthropie, ou la
“haine du genre
humain[59]”.
Notre philosophe considère que l’état
d’incertitude
qui est propre aux sceptiques pyrrhoniens et qui résulte
d’un doute
doutant de tout, y compris de lui-même, est susceptible de
devenir un vice
s’il est poussé à son point
extrême et s’il
n’est pas limité par l’acceptation du
vraisemblable[60].
Ainsi, il semble pencher tantôt pour le pyrrhonisme,
tantôt pour le
scepticisme de la Nouvelle Académie, qui soutient que, du fait que la vérité leur est
inaccessible, les
hommes doivent se contenter du vraisemblable. La Mothe Le Vayer partage
l’opinion de Carnéade, le “Fondateur de
cette renommée
Academie [Nouvelle Académie]”, selon lequel
“si toutes choses
sont incomprehensibles à nôtre esprit trop
limité pour les
connoitre, ce n’est pas à dire, que toutes ces
mêmes choses
soient absolument
incertaines[61]”.
Quoiqu’il donne son assentiment à la
vraisemblance, La Mothe Le
Vayer ne renonce pas à la suspension du jugement qui est
typique du
pyrrhonisme[62].
Il est prêt à tout moment à renoncer
à une conception
qu’il a tenue pour vraisemblable, en faveur d’une
autre qui,
même si elle est contraire à celle qu’il
a
épousée auparavant, lui semble plus
vraisemblable :
Je philosophe au jour la journée ; & si je suis présentement d’un avis, c’est avec protestation, que j’en changerai dans une heure, & toutes les fois, qu’on me fera paroitre plus de vraisemblance dans l’opinion contraire[63].
7. La souplesse qui, dans la vision de La Mothe Le Vayer, caractérise les “meilleur[s] esprit[s]”, est spécifique de la conduite intellectuelle des “Sceptiques” : pareils à des “amphibies”, qui n’ont pas de peine à passer d’un élément à l’autre, les “indifférens” dont La Mothe Le Vayer fait lui-même partie adoptent les opinions “tantôt des uns, tantôt des autres”, sans jamais favoriser les uns ou les autres[64]. Notre sceptique “réserve toûjours la faculté aux pensées de nuit, de corriger celles du jour, si elles le jugent à propos[65]” : il peut désavouer facilement ses opinions, sur le bien-fondé desquelles il ne se fait pas d’illusions. Quoiqu’il choisisse à un moment donné un point de vue particulier sur une question, il ne conteste pas l’intérêt que les autres perceptions de la même question peuvent présenter. D’ailleurs, un jour, il pourrait même se laisser convaincre par certaines d’entre elles : au fond, en tant que sceptique, il “s’accommod[e] paisiblement par tout, où il trouv[e] non pas le vrai, ni le certain, mais seulement les apparences d’un discours raisonnable[66]”. De plus, l’adhésion passagère de La Mothe Le Vayer à l’interprétation particulière d’un phénomène ne trouble pas sa tranquillité d’esprit. Le “doux repos” évoqué par notre écrivain dérive de la suspension du jugement qui, entre autres, évite de faire la hiérarchie des explications concurrentes de l’univers. L’epokhê dont La Mothe Le Vayer décrit les effets bénéfiques n’est pas incompatible avec l’éclectisme pour lequel ses personnages manifestent leur sympathie. Bien que, pour la création des acteurs qui animent ses dialogues, l’auteur s’inspire parfois des personnes réelles, il n’hésite pas à leur attribuer ses propres idées[67]. Ainsi, il donne son assentiment à la philosophie que Potamon d’Alexandrie avait nommée “eslective”, parce qu’elle “faisoit choix de ce qui luy plaisoit en toutes les autres, dont elle composoit son systeme à part[68]”. À l’opposé de la démarche intellectuelle qui est propre aux philosophes dogmatiques et qui consiste à défendre une opinion précise, la “méthode” que suit La Mothe Le Vayer lorsqu’il s’adonne à ses réflexions consiste à “promener un sujet par tous les lieux catégoriques, & par toutes les Topiques qu’enseigne une méditation bien ordonnée[69]”.
8. La pensée de La Mothe Le Vayer qui, en raison de sa souplesse, peut épouser une multitude d’opinions vraisemblables, choisit comme moyen d’expression une plume qui est capable de changer souvent d’aspect : “& je veux, que ma plume ressemble à celle du Paon, qu’elle soit susceptible de toutes couleurs, & qu’elle change comme elle, si le cas y échet aussi souvent qu’elle remuëra[70]”. Notre écrivain a recours aux citations non pas pour étaler son érudition, mais pour rendre la richesse de ses pensées, que le français n’est pas toujours capable de traduire : paraphrasant Aristote qui donnait des arguments en faveur des métaphores, La Mothe Le Vayer soutient que l’utilisation des “termes d’une langue, soit ancienne, soit moderne” est justifiée par la disproportion entre le nombre infini d'idées qu’un auteur veut transmettre aux lecteurs et le nombre de mots par définition fini dont sa langue maternelle dispose[71]. Tout en condamnant les “diarrhées spirituelles[72]”, La Mothe Le Vayer admet que la “superfluité” appelée pléonasme par les Grecs et redondance par les Latins peut être l’ “une des vertus du discours, lorsqu’elle sert à l’ornement du langage, ou à l’expression de la pensée[73]”. Les extraits des grands auteurs ont “la force du témoignage, ou de l’autorité, sans parler de celle de l’expression[74]”. Les proverbes, qui peuvent instruire les princes aussi bien que les “moindres artisans”, “contiennent en peu de mots ce que les diverses Nations, qui les ont produits, avoient de récommandable[75]”. Les passages tirés d’ouvrages faisant autorité, les proverbes ou les sentences permettent à La Mothe Le Vayer de réunir les opinions qui ont été les plus probables au moment où elles ont été rédigées ou prononcées. Loin de reposer uniquement sur des idées originales, l’éloquence qui correspond à l’éclectisme de notre écrivain consiste à “[savoir] le mieux rapporter & mettre en un, ce que les plus beaux esprits ont pensé devant lui sur le sujet dont il voudra parler[76]”.
[1] Évoquant La Mothe Le Vayer dans le livre intitulé Les
hommes illustres
qui ont paru en France pendant le
XVIIe
siecle,
[1696-1700], La Haye, P. de Hondt,
1736, 2 vol., t. II, p. 130-131, Charles Perrault soutient
que :
“Il n’y
a
presque point de matière de celles qui meritent
l’attention &
l’examen d’un homme de Lettres, &
particulierement de questions
de Morale dont il [La Mothe Le Vayer] n’ait écrit,
& sur
lesquelles il n’ait rapporté presque tout ce qui a
este dit par les
Anciens & par les Modernes ; on le regarde comme le
Plutarque de nostre
siecle, soit pour son érudition qui n’a point de
bornes, soit pour
sa maniere de raisonner & de dire son sentiment,
[...]”
Tout en reconnaissant
les mérites de La Mothe Le Vayer, D’Olivet est
néanmoins
plus réservé que Charles Perrault. Voir
D’Olivet, Histoire
de
l’Académie française,
[1729], II. Depuis
1652 jusqu’à 1700, Paris,
J. B. Coignard, 1743,
p. 136 :
“Il [La
Mothe Le Vayer] a tout embrassé dans ses écrits,
l’ancien,
le moderne, le sacré, le profane, mais sans confusion. Il
avoit tout lu,
tout retenu, & fait usage de tout. Si quelquefois il ne tire
point assez de
lui-même, pour se faire regarder comme un auteur
original ; du moins
il en tire toujours assez, pour ne pouvoir être
traité de copiste,
ou de compilateur ; & sa mémoire,
quoiqu’elle brille
par-tout, n’efface jamais son
esprit.”
[2] Dans l’essai “Les abeilles et les araignées”, qui précède l’anthologie intitulée La Querelle des Anciens et des Modernes, éd. établie et annotée par Anne-Marie Lecoq, Paris, Gallimard, 2001, p. 37-38, Marc Fumaroli rappelle que “la notion de “pédant”, inventée par les humanistes italiens du XVIe siècle, [...] désignait chez eux un Don Quichotte livresque, étranger à sa propre époque et niaisement idolâtre d’une Antiquité scolaire dont il faisait son gagne-pain”.
[3] Marc Fumaroli, L’Âge de l’éloquence, [1980], Genève, Droz, 2002, p. 605.
[4] Marc Fumaroli, L’Âge de l’éloquence, p. 607-608.
[5] Voir Florence Wickelgren, La Mothe Le Vayer, sa vie et son œuvre, Paris, Droz, 1934.
[6] La Mothe Le Vayer, Que les doutes de la Philosophie Sceptique sont de grand usage dans les sciences, [1669], dans Œuvres, Dresde, Michel Groell, 1756-1759, (7 volumes, chacun d’entre eux étant composé de 2 parties), V/II, (ici et après le premier chiffre renvoie au volume, le deuxième à la partie), p. 13-14.
[7] L’entrée “érudition” est définie comme “savoir, doctrine, science” par le Dictionnaire françois de Richelet (Genève, J. H. Widerhold, 1680) ou comme “science, doctrine” par le Dictionnaire universel de Furetière (La Haye, A. & R. Leers, 1690). La définition qui lui correspond dans le Dictionnaire de l’Académie française (Paris, J. B. Coignard, 1694) est soit de “scavoir, connoissance dans les belles lettres”, soit de “remarque, recherche curieuse”.
[8] La Mothe Le Vayer, Lettre CXXIII. Du mérite d’un livre, dans Œuvres, VII/I, p. 373-374.
[9] La Mothe Le Vayer, Lettre CXXIII. Du mérite d’un livre, p. 378.
[10] La Mothe Le Vayer, VII. De la lecture des livres, et de leur composition, dans Opuscules ou petits traitez, [1643-1647], Œuvres, II/II, p. 504.
[11] La Mothe Le Vayer, VII. De la lecture des livres, et de leur composition, p. 504-505.
[12] Voir Bernard Beugnot, “Dialogue, entretien et citation à l’époque classique”, dans Revue canadienne de littérature comparée, hiver 1976, p. 40.
[13] La Mothe Le Vayer, Neuviéme homilie académique. Réflexions Sceptiques, dans Discours, ou homilies académiques, [1664-1666], Œuvres, III/II, p. 130. Il faudrait mentionner que La Mothe Le Vayer range les romans parmi les divertissements faciles, qui sont accessibles à tout le monde et qui “ne vise[nt] qu’à plaire”. Voir La Mothe Le Vayer, Observations diverses sur la composition, & sur la lecture des Livres, [1668], dans Œuvres, II/I, p. 370-374.
[14] Marcus Bibulus, dans La Mothe Le Vayer, La Promenade. I Dialogue, La Promenade. Dialogues, [1662-1663], Œuvres, IV/I, p. 29-30.
[15] La Mothe Le Vayer, Lettre LXXXIX. Remarques géographiques, dans Œuvres, VI/II, p. 354.
[16] Philonius, dans La Mothe Le Vayer, Dialogue sur les rares et eminentes qualitez des asnes de ce temps, Dialogues faits à l’imitation des anciens, [1630-1631], éd. par André Pessel, Paris, Fayard (coll. Corpus des œuvres de philosophie en langue française), 1988, p. 153.
[17] Voir Gianni Paganini, “Temps et histoire dans la pensée libertine”, dans Archives de philosophie, no 49, 1986, p. 583-602.
[18] La Mothe Le Vayer, Vint-deuxiéme homilie académique. Des Auteurs, dans Œuvres, III/II, p. 353-354.
[19] La Mothe Le Vayer, Lettre XCVIII. Du Souvenir, dans Œuvres, VII/I, p. 70-72.
[20] La Mothe Le Vayer, Observations diverses sur la composition, & sur la lecture des Livres, p. 354. Voir, à propos de la même prédilection pour les Anciens, La Mothe Le Vayer, Prose chagrine, [1661], dans Œuvres, III/I, p. 285.
[21] La Mothe Le Vayer, Doute sceptique. Si l’étude des Belles Lettres est préférable à toute autre occupation, [1667], dans Œuvres, V/II, p. 371 et VII. De la lecture des livres, et de leur composition, p. 498.
[22] La Mothe Le Vayer, Dixiéme homilie académique. De la Philosophie, dans Œuvres, III/II, p. 158.
[23] La Mothe Le Vayer, De la lecture de Platon, & de son Eloquence, dans Opuscules ou petits traitez, Œuvres, II/II, p. 19.
[24] La Mothe Le Vayer, VII. De la lecture des livres, et de leur composition, p. 498-500.
[25] La Mothe Le Vayer, VII. De la lecture des livres, et de leur composition, p. 506. Voir, à propos du lien entre Saturne et les hommes de génie, le Problème XXX, attribué à Aristote par Sénèque, Plutarque et Aristote.
[26] Bernard Beugnot, “Dialogue, entretien et citation à l’époque classique”, p. 40.
[27] La Mothe Le Vayer, Considérations sur l’éloquence française de ce tems, dans Œuvres, II/I, p. 282-283.
[28] La Mothe Le Vayer, Vint-deuxiéme homilie académique. Des Auteurs, p. 352.
[29] La Mothe Le Vayer, Vint-troisiéme homilie académique. Contre les plagiaires, dans Œuvres, III/II, p. 374, “Préface” aux Homilies ou discours académiques, IIIe partie, p. 295, Doute sceptique. Si l’étude des Belles Lettres est préférable à toute autre occupation, p. 403-404.
[30] La Mothe Le Vayer, Lettre CXXXIX. Des scrupules de grammaire, dans Derniers petits Traités, en forme de Lettres écrites à diverses personnes studieuses, [1660], Œuvres, VII/II, p. 142. Tirée du Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle (art. Éphore), cette citation sera utilisée par De Jaucourt pour définir le “plagiarisme” dans l’Encyclopédie dirigée par Diderot et D’Alembert.
[31] La Mothe Le Vayer, Lettre I. Du sujet de ces lettres, dans Petits Traités en forme de Lettres, écrites à diverses personnes, [1647], Œuvres, VI/I, p. 11-12.
[32] La Mothe Le Vayer, VII. De la lecture des livres, et de leur composition, p. 518-519.
[33] Bernard Beugnot, “Dialogue, entretien et citation
à
l’époque classique”, p. 41. En
ce qui concerne la
métaphore de l’abeille chez Montaigne, voir Les
Essais, I, 26,
éd. Villey-Saulnier,
Paris, PUF, 2004, p. 152:
“Les abeilles
pillotent
deçà delà les fleurs, mais elles en
font après le
miel, qui est tout leur ; ce n’est plus thin ny
marjolaine :
ainsi les pieces empruntées d’autruy, il les
transformera et
confondera, pour en faire un ouvrage tout sien : à
sçavoir
son
jugement.”
[34] La Mothe Le Vayer, Observations diverses sur la composition, & sur la lecture des Livres, p. 374-377.
[35] La Mothe Le Vayer, Premier probleme. Est-il à propos de mettre souvent la main à la plume, & de donner son tems à la composition de plusieurs Livres, dans Problèmes sceptiques, [1666], Œuvres, V/II, p. 223.
[36] La Mothe Le Vayer, Lettre CIII. De quelques compositions, dans Œuvres, VII/I, p. 132.
[37] Voir, à propos de la polémique qui oppose les Anciens et les Modernes au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, l’essai de Marc Fumaroli, “Les abeilles et les araignées”.
[38] La Mothe Le Vayer, VII. De la lecture des livres, et de leur composition, p. 517.
[39] La Mothe Le Vayer, Lettre I. Du sujet de ces lettres, p. 12.
[40] Bernard Beugnot, “Dialogue, entretien et citation à l’époque classique”, p. 42-49.
[41] La Mothe Le Vayer, Considérations sur l’éloquence française de ce tems, p. 282, “Au lecteur”, dans La Promenade. Dialogues, Œuvres, IV/I, p. 12, p. 108, Lettre I. Du sujet de ces lettres, p. 11, Prose chagrine, p. 287.
[42] Voir, par exemple, La Mothe Le Vayer, Considérations sur l’éloquence française de ce tems, p. 266-267 : “Et sans mentir, nous pouvons soutenir, que les plus belles paroles du monde sans la solidité des choses, ne sont pas plus considerables que des coups de canon sans boulet, qui font quelque bruit & ne touchent personne.”
[43] La Mothe Le Vayer, Considérations sur l’éloquence française de ce tems, p. 277.
[44] La Mothe Le Vayer, “Au lecteur”, dans La Promenade. Dialogues, Œuvres, IV/I, p. 196.
[45] La Mothe Le Vayer, Lettre I. Du sujet de ces lettres, p. 12. Voir aussi, à propos des hommes de
ettres qui enrichissent le sens des citations, Vint-deuxiéme homilie académique. Des Auteurs, p. 351.
[46]La Mothe Le Vayer, “Lettre de l’auteur”, dans Dialogues faits à l’imitation des anciens, p. 14. L’hétérodoxie qui participe de l’érudition de La Mothe Le Vayer a souvent été associée à l’athéisme. Voir, entre autres, René Pintard, Le libertinage érudit dans la première moitié du XVIIe siècle, [1943], Genève-Paris, Slatkine, 2000; Tullio Gregory, Genèse de la raison classique de Charron à Descartes, trad. par Marilène Raiola, Paris, PUF, 2000, ou Isabelle Moreau, “Guerir du sot”. Les stratégies d’écriture des libertins à l’âge classique, Paris, Champion, 2007.
[47] La Mothe Le Vayer, “Lettre de l’auteur”, dans Dialogues faits à l’imitation des anciens, p. 201 et “Au lecteur” dans La Promenade. Dialogues, Œuvres, IV/I, p. 198.
[48] La Mothe Le Vayer, “Au lecteur” dans La Promenade. Dialogues, Œuvres, IV/I, p. 195.
[49] Voir Marc Fumaroli, L’Âge de l’éloquence, p. 54.
[50] Voir Emmanuel Bury, Littérature et politesse. L’invention de l’honnête homme, Paris, PUF, 1996, p. 65. Voir, à propos de la définition de l’honnête homme, La Rochefoucauld, Maxime 203.
[51] La Mothe Le Vayer, II.
Probleme. Mais ne doit-on jamais prendre la plume, qu’elle ne
soit
parfaitement bien taillée, & qu’on
n’y puisse en aucune
façon trouver à
redire ?,
dans Problèmes sceptiques,
p. 227:
“J’avouë
pourtant, que l’excès de ces mêmes
pensées [utiles],
& le trop d’érudition, peuvent porter
à un discours le
même préjudice, que donne à un arbre
l’abondance de
fruits si elle est demesurée ; parce
qu’elle les empêche
de venir à maturité, & fait
qu’ils ne sont jamais de
considération. ”
[52] Racemius, dans La Mothe Le Vayer, Hexaméron rustique, [1670], Amsterdam, P. Mortier, 1698, p. 170. Voir Emmanuel Bury, « Écriture libertine et sources doxographiques : le cas de La Mothe Le Vayer », dans Antony McKenna, Pierre-François Moreau, (dir.), Libertinage et philosophie au XVIIe siècle, no 6, Presses Universitaires de Saint-Étienne, 2002, p. 19-36.
[53] La Mothe Le Vayer, Observations diverses sur la composition, & sur la lecture des Livres, p. 355.
[54] Litiscus, dans La Mothe Le Vayer, La Promenade. VII Dialogue, Œuvres, IV/I, p. 218.
[55] Voir Frédérique Ildefonse, “L’expression du scepticisme dans les Dialogues fais à l’imitation des Anciens”, dans Corpus, no 10, 1989, p. 23-39.
[56] Voir, entre autres, La Mothe Le Vayer, “De Pyrrhon, et de la secte sceptique”, dans De la vertu des païens, [1641], Œuvres, V/I, p. 303-310. Voir, à propos de l’ambiguïté qui serait intrinsèque du pyrrhonisme circoncis de La Mothe Le Vayer, Gianni Paganini, ““Pyrrhonisme tout pur” ou “circoncis” ? La dynamique du scepticisme chez La Mothe Le Vayer”, dans Antony McKenna, Pierre-François Moreau, (dir.), Libertinage et philosophie au XVIIe siècle. La Mothe Le Vayer et Naudé, no 2, Presses Universitaires de Saint-Étienne, 1997, p. 7-31. Voir aussi José Maia Neto, The Christianization of Pyrrhonism. Scepticism and Faith in Pascal, Kierkegaard, and Shestov, Dordrecht, Boston, London, Kluwer Academic Publishers, 1995.
[57] Tubertus Ocella, dans La Mothe Le Vayer, La Promenade. VII Dialogue, p. 221.
[58] Voir, à propos de la prétendue misologie de La Mothe Le Vayer, Sylvia Giocanti, Penser l’irrésolution. Montaigne, Pascal, La Mothe Le Vayer. Trois itinéraires sceptiques, Paris, Champion, 2001.
[59] La Mothe Le Vayer, Petit traité sceptique sur cette commune façon de parler, n’avoir pas le sens commun, [1646], dans Œuvres, V/II, p. 192-193.
[60] La Mothe Le Vayer, Première homilie académique. Sur les Disputes opiniâtres, dans Œuvres, III/II, p. 12-13.
[61] La Mothe Le Vayer, Onziéme homilie académique. De l’Ignorance, dans Œuvres, III/II, p. 162-163.
[62] La Mothe Le Vayer, Lettre CXXIV. Du prix de la sceptique, dans Œuvres, VII/I, p. 383-384 : “Selon cela les doutes de la Sceptique établiront le milieu de la vertu intellectuelle, examinant les raisons qui proposent de tous côtés, sans rien déterminer que sur le vraisemblable seulement, & avec sa suspension ordinaire”.
[63] La Mothe Le Vayer, Lettre LXXXI. Des Contestations, dans Œuvres, VI/II, p. 269.
[64] La Mothe Le Vayer, Lettre CXXIV. Du prix de la sceptique, p. 384.
[65] La Mothe Le Vayer, Petit traité sceptique sur cette commune façon de parler, n’avoir pas le sens commun, p. 195.
[66] La Mothe Le Vayer, Lettre CXXIV. Du prix de la sceptique, p. 384.
[67] La Mothe Le Vayer, “Lettre de l’auteur”, dans Dialogues faits à l’imitation des anciens, p. 204.
[68] Hesychius, dans La Mothe Le Vayer, De la vie privée, Dialogues faits à l’imitation des anciens, p. 121.
[69] La Mothe Le Vayer, Lettre LXII. De la méditation, dans Œuvres, VI/II, p. 105.
[70] La Mothe Le Vayer, Petit traité sceptique sur cette commune façon de parler, n’avoir pas le sens commun, p. 195. Voir aussi La Mothe Le Vayer, “Au lecteur”, dans Que les doutes de la Philosophie Sceptique sont de grand usage dans les sciences, p. 7.
[71] La Mothe Le Vayer, “Au lecteur”, dans La Promenade. Dialogues, Œuvres, IV/I, p. 198.
[72] La Mothe Le Vayer, Lettre LXVIII. D’un Livre, dans Œuvres, VI/II, p. 158.
[73] La Mothe Le Vayer, Considérations sur l’éloquence française de ce tems, p. 292.
[74] La Mothe Le Vayer, VII. De la lecture des livres, et de leur composition, p. 516.
[75] La Mothe Le Vayer, Neuviéme homilie académique. Réflexions sceptiques, p. 118.
[76] La Mothe Le Vayer, VII. De la lecture des livres, et de leur composition, p. 516.